15 mars 2010
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Annie Ernaux a mis sa vie dans ses livres. Elle est sa propre matière, et les mains du potier qui la façonne et le potier lui-même. Encore l'image de Escher qui me revient, celle des mains qui sortent du papier et dessinent leur propre existence, leur forme et leur volume. Un éternel recommencement. Naissance primitive, première et dernière à la fois. L'être et le néant, ou plutôt le néant et l'être, y aurait-il un sens ?
Dans toute création se trouve la vérité, celle du créateur, de la chose créée et celle du récepteur. Il découvre en la création sa vérité qui a failli lui échapper.
Ecrire est un perpétuel saut d'obstacle. L'appréhension, l'indécision qui tournoie, la jetée dans la mélée, l'acte de courage, l'abandon et la confiance totale, le saut, la réception et la maîtrise, la joie d'avoir réussi, la récompense, le regret que ce soit déjà fini. C'est pour çà qu'on en redemande et que l'on ne peut plus s'en passer quand on y a goûté.
Comment gagner sa liberté quand le système vous happe tout entier dans sa gueule avide et vous retient dans sa prison de faux semblants ? En recherchant sa vérité et risquant le saut.